• Notre perception des choses de la vie et des valeurs auxquelles nous croyons est, ici , contrariée par de nombreux paradoxes.

    En effet, notre accueil depuis l'aéroport était digne d'un film...collier de fleurs, petite bouteille de monoï...On a vécu, 2 jours après notre arrivée à Bora, une journée très spéciale où on a pu se baigner avec des raies "léopard, aigle", des requins pointe noire et des poissons "perroquets, demoiselles, mérou, flûte..." Les enfants vont cueillir des noix de cocos et des mangues dans le jardin, "tonton guy" nous apporte ses produits maison à notre domicile. Notre voisin, pêcheur confirmé, nous offre de l'espadon frais. Nous pratiquons: plongée, va'a "pirogue locale et sport national", planche à voile, paddle, kayak....et pour cela nous bénéficions d'un cadre exceptionnel où toutes les activités prennent une dimension extraordinaire. Nous avons marché sur la barrière de corail qui sépare l'eau calme du lagon de l'immensité du Pacifique et bientôt nous allons observer les baleines.

                                                                                     

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     Pendant cette même période nous avons aussi fait le triste constat que la population locale est à 97% obèse et qu'il y a ici un réel problème de santé publique. Depuis 2002 près de 40 % de la population tahitienne est concernée par l’obésité alors qu’elle était de 19 % en 1986. Rappelons rapidement qu'avant la venue des premiers européens, avant la colonisation, les populations polynésiennes connaissent un régime alimentaire alterné par l’abondance et la disette. Ce phénomène n’est pas connu de cette seule région du monde, mais il produit ici une culture alimentaire valorisant particulièrement le surpoids, marqueur tant esthétique que de position sociale. Être gros, gras, c’est être imposant et plutôt beau. Manger, dans le cadre de cette alternance de « vache grasse » et de « vache maigre », fait de la profusion le lieu du plaisir autant que celui du stockage de longue durée par l’engraissement. Les jeunes adultes, plutôt socialement avantagés, font l’expérience d’un rite d’engraissement, le ha’apori, durant lequel une prise de nourriture continue, lourde mais légèrement liquéfiée, s’associe à l’absence totale d’exercice, durant des semaines, jusqu’à atteindre un surpoids considérable à la limite des difficultés respiratoires. Une forme d’engraissement utilisé probablement pour entreprendre les longs voyages marins des premiers polynésiens, du fait de l’impossibilité de conserver la nourriture sur de longues périodes. On perçoit ainsi la longue histoire culturelle qui nourrit la beauté de surpoids et l’expression du rang social d’une obligation à organiser des festins, parfois ruineux, ou chaque convive doit pouvoir ingérer la quantité de nourriture dont il a besoin, quelle qu’elle soit, pour atteindre le bien-être d’une sensation de satiété totale, presque définitive. Les changement de comportements alimentaires sont minces et lents, alors que la société traditionnelle a par ailleurs profondément changé du fait de la colonisation puis de la mondialisation. Tout au long des deux derniers siècles, les tahitiens ont vu leur consommation alimentaire se libérer de la contrainte des périodes de disette grâce à l’importation de produits agricoles. On peut ainsi manger en abondance tout au long de l’année, tout au long de sa vie. Une surconsommation qu’a aidé la conversion au christianisme en vidant de leur sens les rituels traditionnels de dons et de contre-dons et en éliminant des tabous alimentaires temporaires qui limitaient les excès. Favorisant, comme souvent, l’exacerbation des inégalités, la modernité économique, avec des aliments bon marché en profusion, a provoqué un engraissement continu des classes les plus défavorisées. Cette population reste en effet plus conservatrice des représentations traditionnelles du corps lourd et gras, et de la surconsommation alimentaire qui s’y associe. Les médias ne valorisent pourtant pas moins en Polynésie qu’ailleurs la culture occidentale du corps. Mais lorsqu’on considère l’impact de cette image de soi et de l’autre sur l’obésité occidentale, on comprend aisément que sa présence dans l’imaginaire des tahitiens n’y soit pas plus opérante.

    Il y a aussi, le tri qui n'existe pas, très peu de fruits, de légumes et le peu de production locale est "pesticidée"à outrance, très peu de variété de poisson et les meilleurs sont réservés et vendus aux hôtels luxueux qui font la renommée de l'île. Il y une route mais pas de trottoirs, beaucoup de chiens et de poules sont SDF,  beaucoup d'enfants  se rendent pieds nus à l'école avec des plaies ouvertes, des bobos infectés mais  pourtant l'accès aux soins est tout à fait possible. Ils disposent de seulement 15 minutes pour la pause déjeuner mais des roulottes sont autorisées dans les établissements scolaires. Les Fare "ou maisons" sont parfois insalubres et le nécessaire pour faire à manger n'existe pas toujours et malgré tout cela, les habitants souriants roulent en pick up! R

     

     

     


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